
La fiscalité et les investissements au Tchad.
Devant le caractère inédit de la situation épidémique et de ses vastes répercussions, qui se ressentent sur l’ensemble de la population du Tchad, il n’en demeure pas moins que de nombreuses entreprises soient en difficultés et certaines d’entre elles se trouvent en état de cessation de paiement.
Il paraît quasi impossible d'assurer le fonctionnement normal de certaines entreprises où la présence humaine est indispensable (hôtels, restaurants etc.). Du coup, la crainte qui en résulte est que ces entreprises aient du mal à faire face aux engagements qu'ils ont à l'égard des créanciers.
Le sort des salariés de l'entreprise semble encore plus alarmant. Il en résulte l'impérieuse nécessité de prévenir autant que possible l'accroissement des difficultés déjà naissantes en adoptant une stratégie d'anticipation
Pour y faire face, on aura certainement recours aux mesures prévues par l'Acte uniforme portant Organisation des Procédures collectives d'Apurement du Passif (AUPC) réformées en 2015, qui associent mesures préventives et mesures curatives. En l'état actuel, la priorité devra être accordée à la prévention aux fins d'éviter la cessation des paiements.
Il est bien vrai que la procédure de règlement préventif, si elle est correctement diligentée, pourrait contribuer à redresser ou assainir beaucoup d’entreprises et à leur éviter la cessation des paiements qui conduit au redressement judiciaire ou à la liquidation des biens.
Ceci étant, quand peut-on dire que l’entreprise est en état de cessation des paiements ? Dans quelles conditions peut-on prétendre à un règlement préventif ?
Au demeurant, il est indispensable de diagnostiquer l’état des règles régissant l’ouverture des procédures des entreprises en difficultés (I) et les démarches amiables de sauvegarde (II).
Le droit OHADA a prévu trois procédures pour le règlement des difficultés de l’entreprise. Il s’agit du règlement préventif, avant la cessation de paiements, du redressement judiciaire et la liquidation des biens, après la cessation des paiements.
Le règlement préventif, permet à une entreprise en difficultés d’en faire la déclaration au tribunal compètent afin d’obtenir la suspension des poursuites de ses créanciers et de proposer un concordat préventif quel que soit la nature de ses dettes (5 à 24 de l’AUPC). Cependant, dans quelles conditions peut-on prétendre à un règlement préventif ?
La condition fondamentale est que l’entreprise ne soit pas en état de cessation des paiements. La requête est faite par le débiteur qui doit exposer la situation économique et financière de l’entreprise et les perspectives de redressement et d’apurement du passif. En outre, la requête doit indiquer les créances pour lesquelles le débiteur demande la suspension des poursuites individuelles.2
Suivant cette procédure, une offre de concordat préventif doit être déposée par les soins du débiteur au plus tard dans les 30 jours qui suivent, tout en précisant les mesures et conditions
L'une des innovations majeures de la réforme de l'AUPC a été l'introduction de la procédure de conciliation en droit OHADA. Elle est avec le règlement préventif l'une des deux procédures préventives prévues par le législateur.
Aux termes de l'article 2 alinéa 1er de l'AUPC, « la conciliation est une procédure préventive, consensuelle et confidentielle, destinée à éviter la cessation des paiements de l'entreprise débitrice afin d'effectuer en tout ou partie, sa restructuration financière ou opérationnelle pour la sauvegarder. Cette restructuration s'effectue par le biais de négociations privées et de la conclusion d'un accord de
conciliation négocié entre le débiteur et ses créanciers ou, au moins, ses principaux créanciers, grâce à l'appui d'un tiers neutre, impartial et indépendant dit conciliateur ».
La conciliation revêt les caractères de souplesse nécessaires pour atténuer l'impact économique de la crise sanitaire en obtenant aussi vite que possible des accords avec les créanciers.